Hanys Philippe
Que signifie HANYS dans le dictionnaire polonais :
Hanys (de Hans, pronom masculin stéréotypé allemand), désigne un
habitant autochtone de l'ancienne partie prussienne de la Haute-Silésie.
Le terme Hanys était censé être un terme offensant, mais il a été adopté par les habitants allemands de la Haute-Silésie.
L’orthographe du nom varie en fonction des différents documents originaux et de la langue utilisée (Polonais, Allemand ou Français). L’acte de naturalisation Française du 28 mars 1934 retient l’orthographe HANYSZ plus tard l’administration française supprimera le Z (seule la famille de Vincent, le fils ainé de Josef, conservera l’orthographe HANYSZ).
Merci à ma cousine et mes cousins d’avoir conservé et préservé les documents qui me permettent aujourd’hui de vous raconter l’histoire de :
Mes grands-parents paternels
Etat civil :
Mon grand père HANYS(Z) JOSEF est né le 03 mars 1895 à Bukowiec (prononciation polonaise : [buˈkɔvjɛt͡s] ) canton de Nowy Tomyśl région de Grande-Pologne dans le centre-ouest de la Pologne. Bukowiec se situe à environ 9 kilomètres à l'est de Nowy Tomyśl et à 48 kilomètres à l'ouest de Poznań (capitale régionale). La région « Grande Pologne « est le berceau historique de la Pologne actuelle.
Il est le fils de l’ouvrier, Hanysz Andreas (Andrze) Joseph et de Apolonia Paulina née Luczak.
Il se marie à 24ans, le 1 février 1919 à l’église de Bukowiec avec Jadwiga Koza (21ans), après son retour de la guerre.
Hedwig ( Jadwiga) Koza est née le 29 septembre 1898 à Bukowiec , elle est la fille de l’ouvrier Koza Franz et de Jadwiga née Mackowiak .
L’acte de mariage est signé par deux témoins :
L’ouvrier Josef Malecki 28ans de Bukowiec
L’ouvrier Martin ( Marcin) Kaczmarek 42ans de Bukowiec.
Ils auront sept enfants :
4 nés en Pologne (1920, 1921, 1923, 1926)
3 nés en France (1928, 1932, 1934)



Une vie de travail et de combats :
De 1911 à 1916 Josef est garde forestier dans l’administration des Forêts de Stary –Bukowiec (il reprendra son poste en 1922 à son retour de la guerre d’indépendance de la Pologne).
1ére Guerre Mondiale :
Josef est mobilisé à 21ans dans l’armée Allemande comme prés de 850 000 jeunes Polonais (1914/18) :
1916 -1918, Josef est soldat de 1ére classe dans l’armée Allemande, guerre contre la France (infanterie, mitrailleuse lourde), bataille de Verdun.

17 décembre 1918, Josef est démobilisé de l’armée Allemande.
01 février 1919, mariage à Bukowiec avec Jadwiga Koza
1919-1921, Josef est incorporé dans l’armée Polonaise le 09 mai 1919, guerre d’indépendance et guerre contre les bolcheviks (Ukraine et insurrection de Poznanie et campagne contre les Russes).
Nommé caporal au combat puis sergent le 08/11/1920 dans le 31éme Régiment d’infanterie.
Le 30 avril 1921 Josef est démobilisé de l’armée Polonaise, il retourne à Bukowiec pour retrouver sa famille et son travail.


Le 01 avril 1922, Josef reprend son poste de garde forestier dans l’administration des Forêts de Stary –Bukowiec (il occupe différentes fonctions, gestion des coupes, contrôle et régulations des animaux et braconniers, traduction des document Allemand en Polonais).
Le 01 octobre 1925, Josef quitte volontairement son poste qui doit être supprimé suite à la nationalisation des forêts par l’état Polonais.




La France manque de bras et la Pologne a trop de bouches à nourrir. Une convention signée le 3 septembre 1919, permet aux entreprises Françaises d’organiser des recrutements de masses des hommes les plus robustes qui après un rapide examen médical sont expédiés en France.
Le 22 juin 1926, Josef a 31 ans et 4 enfants. Il signe un contrat de travail avec la société générale d’immigration service de Pologne pour un emploi de mineur en France.


Le 1 juillet 1926, comme de nombreux immigrés Polonais, Josef transite par le centre de Toul, avant de rejoindre les mines d’Auvergne (en 1931, 500 000 Polonais ont rejoint la France) .



Le 17 sept 1926, son épouse le rejoint avec 4 enfants (6, 5, 3 ans et 4 mois) convoi n° 262.







Le 04 septembre 1929, mutation avec toute la famille dans les mines du Gard Saint Florent sur Auzonnet et Saint Jean de Valériscle proche Alès jusqu’en 1939.

Le 28 mars 1934, Certificat de naturalisation Française pour toute la famille.

Le 15 octobre 1934, incorporé à 39 ans (sept enfants) service militaire Français suite naturalisation (libéré du service le 23 février 35, art 58 loi du 31 mars 1928 père de famille nombreuse)
Livret militaire Français, naturalisé Français, Josef est appelé au service militaire le 15 oct 1934, il a 39 ans et 7 enfants, il a déjà participé à 2 ans de guerre dans l’armée Allemande et 3 ans dans l’armée Polonaise. Nommé sergent au combat, il sera libéré des obligations militaires le 23 février 1935 (motif : Père de famille de sept enfants) …..





Le 11 novembre 1934, attribution de la médaille de bronze du mérite Polonais « pour l’engagement bénévole (travail social) auprès des exilés Polonais en France «.
Croix de bronze du mérite (Brązowy Krzyż Zasługi).
Établie en 1923, elle est décernée par le président de Pologne aux personnes qui ont rendu du mérite à l'État ou aux citoyens Polonais en accomplissant des actes qui dépassent la portée de leurs fonctions normales et qui présentent un avantage significatif pour l'État ou les citoyens, le dévouement public, l'aide sacrificielle et la charité (traduit du Polonais).

Le 15 février 1939, mutation avec toute la famille dans les mines d’Auvergne à Brassac les Mines (63) .

11 novembre 1942, l’armée Allemande franchie la ligne de démarcation et occupe la zone libre. De nombreuses arrestations et déportations ont lieu dans les régions annexées (exilés, syndicalistes, opposants politiques…)
26 décembre 1942, Josef a 47ans, il met fin à son contrat de travail dans les mines de Brassac et fait une demande de passeport pour partir travailler en Allemagne le 28 décembre 1942.
Pourquoi, prend-il cette décision :
Craint-il, une possible arrestation ?
Veut-il protéger son fils ainé, qui peut être envoyé au STO en 1943 pour deux ans (Loi de février 43) en le rendant soutien de famille ?
A-t-il déjà rejoint le mouvement de résistance Polonaise et il part faire du renseignement ?



05 mars 1943, Josef intègre officiellement la résistance Polonaise en France, sa carte porte le numéro 857 :
L’Organisation polonaise de lutte pour l’indépendance (Polska Organizacja Walkio Niepodległość – POWN) était l’un des mouvements regroupant les résistants polonais en France durant la seconde guerre mondiale.
Créée le 6 septembre 1941 dans le sud du pays, cette organisation dépendait du ministère de l’intérieur du gouvernement polonais en exil à Londres et fédérait l’essentiel des mouvements de résistance polonais agissant en France sous les noms de code de Monica (ou Monika) – Monique-bas (en zone libre) et Monique-haut (en zone occupée). En 1943, l’organisation comportait environ 4 000 membres. Source Wikipédia


Du 15 sept 1943 au 05 juillet 1944, Josef est de retour en Auvergne et occupe plusieurs postes dans la logistique Allemande à Aulnat, base aérienne de Clermont Ferrand



Le 06 août 1944 au 30 novembre 1944, Josef a 49ans. Il quitte la clandestinité et ses missions de renseignement pour le POWN pour rejoindre les FFI Polonais et la lutte armée (3éme bataillon Chambon) dans la Creuse. En août les maquis de la Creuse affrontent les unités Allemandes qui se replient.
Le 27 août 1944, libération Clermont Ferrand. Les unités de résistants sont rassemblées aux camps militaires de la Fontaine du Berger puis de la Courtine en Auvergne, avant d’être réaffectées pour continuer le combat.



Le 01 novembre 1944, Josef quitte les FFI pour s’engager dans les Forces Armées Polonaises hors de Pologne (PSZ) sous commandement Britannique. Il sera affecté au camp de « La Courtine » en Auvergne, ou transiteront de nombreux combattants Polonais en attente de réaffectation ou de démobilisation (le 2éme corps Polonais ou Armée Anders y séjournera quelques mois en 1945 après les durs combats de la libération de l’Italie). Nommé Sergent Major, il y restera jusqu’au 05 novembre 1947.




Le 03 novembre 1947, Josef est démobilisé (date de démobilisation à Calais) N° matricule : 103024, grade sergent major.




1948, Josef va avoir 53 ans et il peut enfin rentrer chez lui. Pendant toutes ces périodes d’absence, Jadwiga, secondée par son fils ainé, a géré les soucis du quotidien et l’éducation des enfants.
La santé de Josef s’est dégradée, lors des examens médicaux de démobilisation les médecins militaires ont suspecté qu’il est affecté de la maladie des mineurs « la silicose », son dossier de santé est classé « E ».
Reconnue comme maladie professionnelle en Angleterre et en Allemagne en 1927, et dans les années 1930 par la plupart des pays industrialisés, la silicose ne sera officiellement considérée en France comme une maladie professionnelle qu’à partir de l’ordonnance du 2 août 1945.
Pour Josef un nouveau combat commence, il faudra attendre mars 1957, pour que sa maladie soit enfin reconnue.

Le 17 août 1959, Josef reçoit la médaille d’honneur du travail dans les mines (vermeil, 30 ans de travail)

Après des années de travail et de combats, ils reposent aujourd’hui dans le petit cimetière d’Auzat sur Allier. Sur les tombes qui les entourent on peut lire les noms de plus de vingt nationalités différentes, Polonais, Yougoslaves, Italiens, Portugais, Espagnols, Grecs, Marocains….. « Le peuple du charbon » .
Décorations:
1934 Croix de brońże du mérite (Brązowy Krzyż Zasługi)
